NOUVELLE FAMILLE

Quand on rentre à l’Hôpital on est aimé ou rejeté par cette nouvelle famille.

C’est un autre univers qui vous protège ou vous détruit. On créait de nouveaux liens dans un travail qui vous enlève les jours fériés, les week end et les fêtes en famille.

Après le lycée, je n’avais pas envie de quitter ma famille pour me retrouver seul dans une ville inconnue. J’ai attendu deux long mois pour trouver du travail avec le baccalauréat en poche. C’est difficile de ne pas sombrer dans la dépression, la peur du changement et les angoisses qui vous empêchent de dormir à cause d’une question, « qu’est ce que je vais faire ? »

Ma mère m’avait suggéré plusieurs fois de faire des cours d’infirmier ou d’aide soignant. Les seuls boulots qui remplissaient mon C.V étaient saisonniers et toujours sur le même lieu l’hôpital.

Il faut savoir que c’est grâce à ma mère si autrefois j’avais réussi à me faire un peu d’argent pendant les vacances scolaires. Les agents avaient plus de facilités à faire rentrer leurs enfants dans cet endroit qui me colle à la peau aujourd’hui.

Je voulais me débrouiller seul, je suis allé à l’agence de l’emploi pour découvrir les offres. Je ne voulais plus rester enfermé sans argent et sans savoir ce que j’allais devenir.

Dans de nombreux cas on sort avec ses collègues, fête le nouvel an dans les mêmes lieux, fréquente les mêmes endroits si la ville possède peu d’activités. Certaines personnes ne se mettent pas en avant, préfèrent ne pas s’intégrer ce qui les met à l’écart. Dans un service de médecine un repas était organisé chaque année à la même date dans un restaurant avec les médecins eux aussi. Un soir, Je posai la question : « Est-ce obligatoire de s’inscrire et d’y aller »

- Une infirmière me répondit : « Non mais c’est préférable d’être présent ». A ce moment là on peut se poser des questions sur l’influence que possède le travail dans votre vie, les modifications qu’il apporte et la notion d’appartenance.

Beaucoup de personnes ne mettent pas de frontières entre leur travail et leur vie privée. De nombreux jeunes sortent ensemble. Certains couples durent, d’autres font polémique, tout se sait, une réputation est vite crée ainsi que de nombreuses rumeurs. Les gens aiment que vous leur offriez des histoires, des bribes de votre vie privée et c’est encore plus délicieux si ce sont vos malheurs.

Pour ma part, je reste convaincu que les mots : aide, sacrifice, solidarité n’existent presque plus de nos jours. Nous appartenons à un groupe avec lequel nous avons des échanges ou non.

Si l’on obéit aux autres, suit le rythme du groupe, on peut être couvert ou se couvrir, bénéficier de petits privilèges ou avoir accès à certaines informations. La loi du silence existe car les plus anciens n’aiment pas changer leurs habitudes ou que des évènements viennent perturber leur fonctionnement.

Ils traitent certaines affaires en interne, de manière souterraine. Ce groupe de vieux monarques ayant de nombreuses années derrières eux peuvent se permettre de dire que les jeunes ne savent pas travailler, qu’ils ne connaissent pas la réalité du terrain ou plutôt ne veulent pas reconnaître que les anciens élèves ont dépassé les maîtres et que les méthodes changent. Ils veillent au grain, connaissent les projets, ont un œil sur la jeunesse, possèdent l’écoute, la parole et sécurisent un service.

Malgré tout, on est toujours seul face aux problèmes même si l’on manifeste devant une situation inacceptable.

Le secret professionnel englobe trop de lois, de mauvaises interprétations privant ainsi les agents de s’exprimer officiellement et de lâcher discrètement des informations sensées être secrètes. On nous oblige, nous menace de tenir notre langue pour le bien du patient et le respect de tous et pourtant il y a tellement d’injustices à signaler.

japonmusashi@hotmail.fr

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