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blouses-rouges
15 juin 2009

japonmusashi@hotmail.fr

CANICULE

Une chaleur étouffante de jour comme de nuit, un pays devenu soudain une fournaise sans l’odeur du souffre, pourtant devenu l’espace de quelques jours le royaume de l’agonie. Les courbes des décès grimpaient et les plus faibles cassaient leur pipe sous un soleil ardent.

Je me souviens d’un grand père tombé amoureux d’une compagne aussi vieille que lui, surnommés Roméo et elle, Juliette. Le viel homme est venu plusieurs fois mais malheureusement n’aura pas été là pour lui tenir la main jusqu’au bout. Ce qui l’a tué c’est l’impossibilité de boire, des réflexes désorganisés et une fièvre tropicale dans un pays où il fait toujours froid. Mon rôle consistait selon la cadre à éviter que la chaleur pénètre, ouvrir les fenêtres au bon moment de la journée pour faire rentrer l’air frais, isoler les fenêtres des rayons bouillants et bien sûr hydrater, aider le personnel soignant dans la limite de mes fonctions.

Ils étaient bien mal, tout ces corps en ébullition avec des plans bleus, blancs, rouges  qui n’ont rien donné et taché de noir notre joli drapeau. La glace fondait en un éclair ainsi que notre grand père et grand-mère glissant de leurs fauteuils sans énergie. On essaye de réunir les quelques forces qui nous restent pour recoucher ces poids déjà morts presque oubliés de tous. La force manque, la lassitude s’installe, les nerfs craquent par manque de sommeil, manque de repos, plus que tout par cette pression atmosphérique vous brisant les épaules et fait éclater votre concentration.

L’erreur se répètera en demandant aux soignants de revenir sur leurs repos, en les culpabilisant de ne pas faire de bénévolat, de ne pas donner l’exemple même si la prime est maigre, même si les jours ne sont pas récupérés et pis même si vous criez au secours toute l’année.

La solidarité était présente même si le bricolage des tenues, les douches à l’eau froide, les ventilateurs de petite fortune étaient inventés pour espérer qu’un vent frais et nouveau vienne enlever toute cette fatigue.

Apprend-on de ses fautes ? Peut’ on réellement réparer nos dysfonctionnements ? Il est certain que cette bourde avec des cadavres accumulés dans les frigos est irréparable. J’ai appris à ce moment là qu’une personne pouvait couter autant qu’un ventilateur et moins qu’une climatisation. La vie a un prix.

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blouses-rouges
  • Anamnésis est né quelque part dans les années quatre-vingt. De un à cinq ans, il joue à cache cache avec la mort dans les hôpitaux et heureusement pour nous il en réchappe. De cette entrée dans la vie douloureuse nait le désir d’aider autrui, de restituer
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